Des expositions
Antifémina de Colita et Campany, un cri de liberté lancé par deux pionnières du féminisme catalan
Le DHub inaugure Colita. Antifémina, une exposition jusqu'au 25 janvier 2026 qui revisite le livre des années soixante-dix qui a défendu le féminisme à travers la photographie.
Du 31 octobre 2025 au 25 janvier 2026, le Disseny Hub Barcelona (DHub) accueillera Colita. Antifémina , une exposition qui présente les images avec lesquelles la photographe Isabel Steva Hernández, connue sous le nom de Colita, a participé à un projet novateur avec l'écrivaine Maria Aurèlia Capmany. Fruit de cette collaboration, Antifémina est né à la fin des années 1970, considéré comme le premier livre de photographies féministes de la Transition espagnole. L'exposition propose un regard critique et contemporain sur cette œuvre majeure qui a remis en question les stéréotypes de genre et ouvert la voie à une nouvelle compréhension du rôle des femmes dans la société.
Séance de modèles au Parc Güell. Barcelone. 1976. © Archivo Colita.
Colita est l'un des regards les plus lucides et indomptables sur la culture visuelle catalane et espagnole du XXe siècle. Avec son appareil photo pour compagnon inséparable et un humour fin, poignant et ironique, Colita a su capturer l'esprit d'une Barcelone en pleine mutation, bouillonnante et se réinventant durant les années soixante et soixante-dix.
Organisée par Francesc Polop, directeur des Archives Colita, l'exposition réunit les images de cet ouvrage emblématique, dont beaucoup n'ont jamais été dévoilées au public. Après sa présentation à Madrid en 2024, elle arrive à Barcelone, grâce à DHub, La Fábrica et le Círculo de Bellas Artes, dans une version enrichie de 25 photographies inédites. Ces nouvelles pièces apportent plus de profondeur et de cohérence aux dix sections qui structurent le parcours – correspondant aux dix chapitres du livre original. Au total, DHub exposera 120 des 172 images qui composent Antifémina , offrant une nouvelle lecture d'une œuvre qui demeure un témoignage vivant de la vision féministe et humaniste de Colita.
Son œuvre est un dialogue entre tendresse et satire, entre regard critique et amour du quotidien. Plus qu'une simple observatrice, Colita vivait ce qu'elle photographiait : elle se fondait dans les rues, les visages, les gestes. Sa photographie féministe était une forme de rébellion et d'affirmation – une voix qui, par la lumière et le geste, revendiquait la liberté et la pleine présence des femmes dans l'art et dans le monde.
Entrer dans la mer Sitges, 1966. © Archivo Colita.
En 1976, Colita et Maria Aurèlia Capmany s'associent pour créer Antifémina , un projet conçu par quatre personnes qui deviendra une référence du féminisme visuel et littéraire durant la Transition. Ensemble, elles explorent les vastes archives de la photographe, riches de visages et d'histoires de femmes de tous âges, de tous horizons et de toutes classes sociales. De cette immersion émergent les thèmes qu'elles souhaitent aborder : des problématiques à dénoncer, à revendiquer et à célébrer.
Pour compléter son récit, Colita est retournée dans la rue, appareil photo en main, afin de saisir ces réalités féminines qui n'avaient pas encore trouvé leur place dans ses archives. Il en a résulté un dialogue vibrant entre images et mots : le regard humaniste et tendre de Colita a rencontré la voix lucide, ironique et provocatrice de Capmany. Ensemble, elles ont conçu et réalisé le livre, faisant d'Antifémina une œuvre aussi engagée que poétique, qui résonne encore aujourd'hui comme un cri de liberté et de conscience.
L'exposition se présente également comme un hommage à deux voix essentielles de la culture catalane des XXe et XXIe siècles. Colita et Maria Aurèlia Capmany, artistes et intellectuelles modernes, engagées et politiquement proches, appartenaient à cette génération de femmes qui, à la fin de la dictature franquiste, ont défié le silence imposé pour commencer à parler ouvertement du féminisme et revendiquer leur place dans la société et la culture.
