À partir de demain, le MACBA présente une nouvelle exposition consacrée à Coco Fusco (New York, 1960), une artiste qui, avec une perspective très personnelle, mais toujours connectée au contexte collectif, a utilisé son travail pour mettre le doigt sur le point sensible de questions telles que le racisme, le pouvoir, le colonialisme ou l'idée de nation. Et il l’a fait en intégrant son propre corps, ses paroles et ses actions comme outils créatifs.
Jusqu'au 11 janvier 2026, le musée présente I Learned to Swim Dry, une exposition qui comprend une centaine de pièces de l'artiste américain d'origine cubaine. Le projet, organisé par Elvira Dyangani Ose, est le fruit d'une collaboration avec El Museo del Barrio de New York et bénéficie du soutien de la Fondation Ford.
La parella a la gàbia: una odissea guatinaui, Coco Fusco (1993)
Le titre de l’exposition, qui est la première phrase du micro-récit poétique Swimming écrit par Virgilio Piñera, sert de porte d’entrée vers le monde proposé par Fusco : une réalité où le langage, le silence et la performativité deviennent des espaces de confrontation. L’exposition est structurée en plusieurs espaces qui fonctionnent comme des chapitres d’une histoire plus large. On y trouve par exemple un regard critique sur les promesses non tenues de la Révolution cubaine, ou une approche de la prison comme cadre physique et symbolique du contrôle étatique. L'installation Aponte's Lost Podcast, produite spécialement pour le MACBA et avec la participation de l'artiste emprisonné Luis Manuel Otero Alcántara, en est un exemple.
Il est également possible de revoir le rôle des institutions et du système artistique. Fusco ne se contente pas de signaler ; propose de nouvelles manières d’habiter l’art par la confrontation, la relecture critique et l’action directe. Les Archives Fusco nous montrent cette facette plus analytique et activiste de sa pratique avec un espace de documentation où se mêlent recherche, récit visuel, poésie et critique politique.
Morir soñando, Coco Fusco (2011)
Une partie importante de la tournée comprend également des collaborations avec l'artiste et performeuse Nao Bustamante, avec qui Fusco a travaillé pour aborder les questions liées à la construction de l'identité et aux représentations de genre. Deux pièces importantes de ce dialogue créatif peuvent être vues : Stuff, une proposition qui réfléchit sur la mondialisation, le tourisme et les rôles sexistes ; et Paquita y Chata, une performance qui récupère les figures des poupées mexicaines Lupita en papier mâché, traditionnellement associées à l'image des prostituées.
Fusco travaille depuis des décennies à partir de ce carrefour entre pensée, création et dénonciation. Il a collaboré avec diverses voix de la culture cubaine, tant au sein de l’île que dans sa diaspora, et a participé à des événements tels que la Biennale de Venise et le Whitney. Ce que le MACBA présente aujourd’hui est une opportunité de plonger dans le parcours d’un artiste qui a su observer le monde depuis un endroit inconfortable, mais nécessaire, en posant toujours sur la table les questions nécessaires.
Eu Sou Um Consumidor, Coco Fusco (2014)