Une exposition ambitieuse, novatrice et visuellement saisissante des œuvres de John Akomfrah est présentée au Musée national Thyssen-Bornemisza, marquant la première fois que le travail de cet artiste britannique de renom est exposé en Espagne. Du 4 novembre au 8 février, l'exposition arrive à Madrid après sa présentation au Pavillon britannique de la Biennale de Venise 2024. Coproduite par TBA21, l'exposition s'inscrit dans la continuité de la fructueuse collaboration entre la fondation et Akomfrah, un partenariat qui les unit autour d'un intérêt commun pour l'écologie, les récits décoloniaux et l'écoute comme forme de résistance et d'activisme.
Cinq installations vidéo immersives monumentales, intitulées Cantos, composent l'exposition que John Akomfrah présente au Musée national Thyssen-Bornemisza. À travers un dialogue puissant entre image et son, l'artiste britannique aborde des enjeux essentiels de notre époque : l'héritage colonial, les migrations, les injustices raciales et la crise climatique.

L'eau, omniprésente dans l'exposition, devient un motif récurrent et symbolique : elle représente à la fois les voyages de la diaspora et la persistance de la mémoire qui survit au passage du temps et des continents. L'exposition, dont le commissariat est assuré par Tarini Malik, s'ouvre à Madrid par une installation vidéo dans le jardin du musée et une introduction spéciale réunissant des œuvres des collections Thyssen-Bornemisza, notamment des pièces d'artistes tels que Joan Miró, Lucio Fontana et Yves Klein.
L’exposition « Écouter la pluie toute la nuit » tire son nom d’un poème du XIe siècle de l’écrivain et fonctionnaire chinois Su Dongpo, composé durant son exil politique. Dans ce texte, l’auteur médite sur la nature éphémère de l’existence et l’inévitable transformation du monde qui nous entoure. Inspirée par ces réflexions sur l’impermanence, l’exposition propose une expérience sensorielle et contemplative à travers une série d’installations immersives mêlant cinéma multicanal, paysages sonores et éléments visuels. Dans ces œuvres, John Akomfrah explore les thèmes qui ont marqué son parcours : le postcolonialisme, l’écologie et l’esthétique, en accordant ici une importance particulière au son comme moyen d’évoquer la mémoire, le temps et la transformation.

Joan Miró, Paysan catalan à la guitare, 1924.
L'exposition s'organise en une série de Cantos (Chants), œuvres qui adoptent ce nom en allusion à la dimension sonore qui structure l'ensemble du projet. Inspirée par l'idée d'épistémologie acoustique – un concept développé par l'ethnomusicologue Steven Feld pour décrire comment le son influence notre perception et la construction de nos réalités culturelles – Akomfrah conçoit une composition sonore complexe pour chaque Canto. Dans ces pièces, les bandes sonores mêlent documents d'archives, enregistrements de terrain, fragments de discours, musique folklorique et chants religieux, tissant une tapisserie sonore qui transcende le documentaire. Par cette fusion, l'artiste élabore une sorte de manifeste poétique et politique, où l'écoute devient une pratique consciente, une forme de résistance et d'activisme face au bruit du monde contemporain.