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Le relief de Sainte Catherine : une pièce maîtresse de la dynastie castillane

Un morceau de marbre révèle le lien dynastique de la couronne castillane et contribue au patrimoine catalan grâce aux recherches de la collection Casacuberta Marsans.

El relleu de Santa Caterina a l'Hospital de St. Saver, seu de la col·lecció Casacuberta Marsans.
Le relief de Sainte Catherine : une pièce maîtresse de la dynastie castillane
bonart barcelone - 15/06/25

La collection Casacuberta Marsans conserve une pièce de marbre qui a révélé bien plus que ce que l'on aurait pu imaginer. À première vue, il s'agit d'un relief sculpté avec une grande précision représentant sainte Catherine, entourée d'une bordure héraldique où alternent châteaux, lions et aigles. Initialement acquis comme une œuvre liée à l'entourage d'Alphonse X, les recherches de l'historien Gerardo Boto , notamment à travers l'étude « Le premier retable hispanique de Sainte Catherine et la présence sépulcrale de Béatrice de Suabia à Las Huelgas », ont ouvert une nouvelle lecture reliant cette pièce à un moment clé de l'histoire dynastique castillane.

S'appuyant sur les éléments héraldiques, Boto situe la pièce au troisième quart du XIIIe siècle, identifiant une combinaison singulière d'emblèmes : Castille, León et Souabe-Hohenstaufen. Cette triple présence n'a été possible qu'après le mariage de Ferdinand III avec Béatrice de Souabe en 1219, et n'est attestée qu'en 1235. Selon l'étude, la conjonction de ces symboles avec le culte de sainte Catherine se produit exclusivement dans un contexte très spécifique : l'abbaye de Las Huelgas, un monastère cistercien où la reine fut enterrée.

En effet, l'œuvre permet de localiser pour la première fois la scénographie de l'enterrement de Béatrice de Souabe dans l'église Santa Maria la Real de Las Huelgas. Boto fournit des documents inédits confirmant que la reine fut enterrée devant un autel dédié à sainte Catherine, ce qui donne un sens à l'iconographie du relief. L'œuvre exprimerait ainsi une dévotion liée à la mémoire de cette reine et, parallèlement, l'affection filiale du roi Alphonse X, qui, selon l'étude, en aurait été le promoteur.

Le relief de Sainte Catherine : une pièce maîtresse de la dynastie castillane Fragment del relleu de Santa Caterina, Tercer quart del segle XIII. © Casacuberta- Marsans

Ce relief en marbre blanc, aujourd'hui fragmenté, représente plusieurs épisodes de la Passion de sainte Catherine. Deux scènes de ce cycle sont disposées sous des arcs brisés, soutenus par des colonnes à chapiteaux végétaux, sur fond d'architecture miniature. Dans la première, l'empereur Majencius, identifié par une inscription, apparaît sur un trône, un démon à l'oreille et, à ses pieds, un philosophe assis. Lui et l'empereur, par la réponse textuelle, se déclarent idolâtres et exigent l'adoration de sainte Catherine. Celle-ci apparaît dans la scène suivante, vêtue d'une tunique et d'un voile, montrant un livre symbolisant sa sagesse et levant la main dans un geste de raisonnement et d'invocation divine. Plus tard, un bourreau en tunique courte prépare le coup avec une massue de chaînes, indiquant que la violence se poursuit dans un arc suivant où la sainte est attaquée. La figure de Catherine, avec le livre et le geste de la parole, est exaltée comme symbole de sagesse et d'éloquence, image largement répandue en Occident depuis le XIIe siècle, malgré le fait que ses reliques n'étaient vénérées à Rouen que depuis le milieu du XIe siècle.

L'étude de Boto souligne la fonction commémorative et spirituelle de cette pièce, qui constitue un exemple précoce d'expositions visuelles qui, associées à des autels et souvent situées à proximité de tombes, contribuaient à la construction de la mémoire et de l'identité dynastique. Concernant l'histoire de la pièce, on sait seulement qu'avant son arrivée à Barcelone, elle appartenait à une Madrilène, qui l'avait héritée de ses parents. Sa traçabilité commerciale est rare, mais sa valeur historique et symbolique est incontestable. La présence de ce relief dans la collection Casacuberta Marsans garantit non seulement la conservation d'un objet unique, mais a également encouragé sa recherche et contribué à la reconstitution d'un épisode du passé royal péninsulaire.

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