Il s'agit de la première grande rétrospective posthume consacrée à Tina Girouard (1946-2020), artiste née en Louisiane. Elle réunit une pratique diversifiée incluant performance, vidéo, textiles, dessin et installation. Son travail explore les liens entre art, communauté, rituel et les dimensions du soin au quotidien. L'exposition a été présentée pour la première fois au Ogden Museum of Southern Art de La Nouvelle-Orléans en 2024, puis au Center for Art, Research and Alliances (CARA) et sera inaugurée du 21 mai au 14 septembre au Museo Tamayo Arte Contemporáneo de Mexico, sous le commissariat de Manuela Moscoso, Andrea Andersson et Jordan Amirkhani.

La première grande rétrospective posthume consacrée à l'artiste louisianaise Tina Girouard (1946–2020) offre un aperçu complet d'une carrière caractérisée par une diversité de supports et d'approches. Tout au long de sa carrière, Girouard a oscillé avec aisance entre performance, vidéo, textile, dessin et installation, façonnant un langage artistique transcendant les catégories traditionnelles. Son œuvre se distingue par la manière dont elle établit un dialogue constant entre création individuelle et dynamique collective, positionnant l'art comme un espace de rencontre, de rituel partagé et de réflexion sur les soins quotidiens.
En ce sens, l'exposition « Sign-in » non seulement rend compte de l'ampleur et de la richesse formelle de son œuvre, mais met également en lumière la dimension sociale et culturelle de sa pratique. Girouard concevait l'acte artistique comme un réseau de relations – entre corps, communautés et environnements – qui remettait en question les hiérarchies de l'art établi et ouvrait la voie à des modes alternatifs de création et de coexistence. Cette rétrospective permet ainsi de comprendre la pertinence de son héritage dans le contexte de l'art contemporain, tout en éclairant la capacité de l'art à activer des souvenirs, des rituels et des gestes de soin qui transcendent l'intime et le collectif.
À la fin des années 1960, Girouard s'installe à New York, capitale du monde de l'art à l'époque, et y côtoie des artistes tels que Lynda Benglis et Dickie Landry, qu'elle épouse. Son appartement de Chinatown est le lieu et l'épicentre de multiples rencontres culturelles et créatives. Elle travaille avec des supports non traditionnels (papier peint, linoléum, textiles, paillettes, acier) ; son esthétique est souvent associée aux mouvements post-minimaliste, anarchitecture et motif et décoration. En 1970, elle cofonde le restaurant artistique FOOD, où cuisiner et manger sont aussi des actes performatifs.
« J'ai tendance à considérer l'art comme un refuge, un espace d'accueil », écrivait Tina Girouard. En brouillant les frontières entre espaces publics et privés, l'artiste a façonné des abris éphémères qui fonctionnaient comme des lieux de rencontre et de protection. Dans les structures qu'elle concevait, chaque élément revêtait un caractère sacré : l'agencement des personnes, des matériaux et des signes ne se limitait pas à une simple somme de parties, mais générait des configurations significatives capables de produire de nouvelles formes de communauté et d'expérience esthétique.

Parmi les pièces les plus marquantes de la rétrospective, on trouve des œuvres qui proposent un voyage à travers les multiples facettes de la pratique de Tina Girouard. Moving In–Moving Out–Sign-In (1976), une installation participative présentée lors de l'inauguration des Rooms du MoMA PS1, documentait la présence de collaborateurs et d'agents de la scène artistique new-yorkaise, devenant ainsi un témoignage vivant de la communauté créative de l'époque. De plus, Four Stages (1972) recrée sa première exposition personnelle au 112 Greene Street, utilisant des tissus de la série « Solomon's Lot » et du bois récupéré dans des entrepôts, soulignant son intérêt pour l'assemblage, la réutilisation des matériaux et la construction d'environnements immersifs.
L'exposition met également en avant les recherches textiles de Girouard à travers les séries « Papier peint » et « Motif d'essai » , où le travail manuel associé au domestique se transforme en champ d'expérimentation formelle et esthétique, questionnant les hiérarchies entre le privé et l'artistique. Enfin, des films tels que « Pinwheel » (1977) et les vidéos de la série « Maintenance » (réalisées tout au long des années 1970) sont présentés, dans lesquels Girouard explore la performativité des tâches quotidiennes et ritualisées, révélant le pouvoir politique et poétique du soin et de la répétition dans la vie quotidienne.
Tina Girouard : SIGN-IN se présente comme une vaste rétrospective qui revisite et célèbre l'héritage d'une créatrice en avance sur son temps. Son œuvre, marquée par la performativité, le tissage symbolique, le soin et une éthique de la solidarité, se déploie dans un voyage reliant La Nouvelle-Orléans, New York et Mexico, mettant en lumière la manière dont Girouard a transformé le quotidien en un acte artistique à résonance collective. L'exposition non seulement lui restitue sa place dans l'histoire de l'art contemporain, mais nous invite également à reconnaître la pertinence de sa poétique collaborative comme horizon critique et sensible pour le présent.