La Fondation Foto Colectania propose une immersion dans le rôle des images dans l'environnement numérique. À travers une exposition collective, elle invite à repenser la façon dont la photographie a cessé d'être un simple outil de représentation du monde physique pour devenir une interface qui articule, modifie et même construit l'expérience de la navigation sur Internet et autres espaces virtuels. L'exposition réunit les œuvres de quatorze artistes internationaux et offre un regard critique sur cette transformation visuelle qui fait partie intégrante de notre quotidien.
L'exposition, organisée par Jon Uriarte et intitulée « L'art de naviguer. Comment se perdre dans un monde d'images », est ouverte à tous dès demain, 12 juin, et se termine le 21 décembre 2025. La sélection d'œuvres couvre des domaines aussi variés que les jeux vidéo, les cartes en ligne, les réseaux sociaux, l'exploration spatiale et l'intelligence artificielle. Vous pourrez y découvrir des propositions de Sara Bezovšek , James Bridle , Alan Butler , Josèfa Ntjam , Giath Taha , Kyriaki Goni , Roc Herms et Simon Weckert , entre autres.
Convertirse en fantasma, Giath Taha (2022). © Giath Taha
L'idée de « naviguer » a depuis longtemps cessé de se limiter au déplacement physique sur un territoire. Aujourd'hui, naviguer signifie aussi se déplacer à travers des interfaces numériques, suivre des itinéraires hypertextes, se perdre parmi des fenêtres et des contenus qui ne représentent pas nécessairement une réalité spécifique, mais qui souvent l'inventent. L'image numérique, qui n'était auparavant qu'une simple documentation d'un lieu ou d'un moment, est devenue l'environnement lui-même : on clique dessus, on peut la faire glisser, l'agrandir, la modifier, et ainsi générer de nouvelles façons d'habiter le monde. Dans ce contexte, la désorientation devient quasi permanente. L'accélération des technologies, le mélange entre physique et virtuel et la fragmentation constante du paysage visuel ont généré un sentiment d'incertitude que, loin d'être uniquement négatif, certains artistes explorent comme une forme de résistance.
Le titre de l'exposition fait référence à un ancien manuel de navigation publié sous la monarchie espagnole au XVIe siècle. Cette référence souligne la persistance des idées coloniales dans le monde numérique, et ouvre simultanément un débat sur la manière dont nous pouvons appréhender les images et les systèmes qui les soutiennent sous un angle différent, moins extractif et plus ouvert à la complexité.
Paisaje marciano I, Kyriaki Goni (2022). © Kyriaki Goni i The Breeder
Le programme de l'exposition comprend également une collaboration avec Sónar+D 2025. L'artiste Simon Weckert a été choisi pour présenter son travail du 12 au 14 juin dans l'Espace Projet, où art, innovation et technologie se croisent. Cette présence renforce la volonté de Foto Colectania d'explorer les interactions entre l'image et d'autres domaines créatifs et scientifiques, tout en consolidant l'un de ses axes de travail : la relation entre photographie, société et technologies émergentes.
El derecho al olvido, Esther Hovers (2021-2024). © Esther Hovers