Des expositions
Père Noguera : actions, empreintes, terres, images et dérives
Cinq décennies d’expérimentation et d’action artistique réunies dans les espaces de Bòlit.
Pendant plus de cinq décennies, Pere Noguera (la Bisbal d'Empordà, 1941) a bâti une carrière artistique qui défie les classifications. Son intérêt constant pour l'action, les procédés et les matériaux simples a défini une manière de travailler singulière, toujours ancrée dans un environnement spécifique mais ouverte aux résonances internationales. Le Bòlit lui consacre aujourd'hui une exposition qui retrace une grande partie de ce parcours, en mettant l'accent sur l'aspect performatif de son œuvre.
Intitulée « Pere Noguera : Actions, empreintes, terres, images et dérives », l'exposition se divise en trois espaces : Bòlit_La Rambla, Bòlit_StNicolau et le Centre culturel La Mercè. Sous le commissariat de Manuel Guerrero Brullet et ouverte au public jusqu'à fin septembre, cette proposition met en lumière un ensemble remarquable d'actions menées par Noguera des années 70 à nos jours, ainsi que des pièces inédites et des œuvres phares de sa carrière.
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Ceux qui connaissent l'œuvre de Noguera savent que son parcours débute à La Bisbal d'Empordà, avec une formation initiale en sculpture à l'Escola Massana et un premier contact décisif avec Eudald Serra. Mais sa pratique s'élargit rapidement, se connectant au conceptualisme, à l'arte povera et à l'installation. Le résultat est une œuvre qui allie expérimentation et regard attentif sur la réalité locale, souvent marquée par l'utilisation de matériaux du quotidien et le désir de les re-signifier. Boue, papier, objets trouvés, copies photographiques ou documents d'archives deviennent des composantes récurrentes de son travail.
Les actions présentées à Bòlit_La Rambla témoignent de cet intérêt pour le geste, le hasard, le passage du temps et le lien à l'espace. Des propositions comme H2O (1981), Esporgar (1987) ou Observar el Daró (1996) montrent comment l'artiste intègre des matériaux naturels ou des éléments du paysage. L'« enfangada », l'une de ses techniques les plus célèbres et singulières, consiste à recouvrir des objets de boue qui, une fois sèche, unifie la surface de tous les éléments de l'installation. À noter également Memòria monocroma (2011-2025), une fresque réalisée à partir de photocopies qui rassemble plus de cinquante ans de pratique, ou encore son légendaire photocopieur boueux, une œuvre des années 70.
Esporgar, Pere Noguera (1987)
À Bòlit_StNicolau , la visite se poursuit avec des installations telles que Tetrabrics (1994), une œuvre située dans l'abside et constituée de boîtes en carton ouvertes. À l'intérieur de chaque boîte, une image de la taille d'une carte postale a été collée sur du papier argenté, à partir de coupures de presse, de photographies, de fragments de magazines ou de reproductions d'œuvres d'art qui ont captivé l'artiste. L'ensemble, composé de 560 images, fonctionne comme un grand retable contemporain, une mosaïque d'images quotidiennes et reconnaissables qui remplacent l'iconographie traditionnelle de l'abside. Est également présentée Preservaçao de viagem (1992), une œuvre grand format conçue à la suite d'un voyage en Amazonie. Dans ce contexte, l'artiste a collecté et est intervenu sur plusieurs objets trouvés in situ, lors d'une grande exposition collective organisée à l'occasion de la IIe Conférence mondiale sur l'environnement et le développement.
Brasil, Pere Noguera (1992)
Enfin, au Centre culturel La Mercè , Noguera récupère une installation des années 80, réinterprétant Mar Cel Riu Daró. Hommage à Marcel Duchamp, dans les toilettes du patio. Parallèlement à cette série d'expositions, l'édition du livre Atlas. Pere Noguera est en préparation. Cette publication fait partie de la collection Atlas del Bòlit, dédiée à la mise en lumière de parcours artistiques longs. Cette collection évite le format traditionnel du catalogue et considère le livre comme une œuvre en soi, une sorte de document ouvert fonctionnant selon une logique d'anarchive plutôt que d'archive raisonnée. Dans ce cas, la publication bénéficie de la participation de l'artiste Bernat Daviu, éditeur invité, qui apporte une perspective nouvelle et personnelle à l'ensemble du matériel.
364 segons, Pere Noguera (1994)
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