Des expositions
Résistance artistique à l'ère des données au MAC USP de São Paulo
S’appuyant sur des œuvres de la collection du MAC USP, l’exposition « Antagonistes : Résistance algorithmique » propose une lecture critique de la production riche et diversifiée d’artistes, d’activistes et de scientifiques qui, depuis les années 1960, ont développé des stratégies de résistance aux technologies de l’information hégémoniques. Dans différents contextes historiques et géopolitiques, ces acteurs culturels ont confronté la consolidation d’un nouveau régime fondé sur la gestion des données, l’automatisation et les algorithmes, explorant des manières alternatives d’appréhender les systèmes technologiques qui commençaient à réorganiser la vie sociale, politique et symbolique. Cette exposition temporaire au Museu de Arte Contemporanea da Universidade de São Paulo est visible jusqu’au 22 février 2026 et est organisée par Bruno Moreschi, Gabriel Pereira et Heloísa Espada.
Malgré des ressources techniques et matérielles limitées, ces créateurs ont imaginé et mis en œuvre des formes expérimentales de communication, de circulation et de production de connaissances qui échappaient aux logiques dominantes. Leurs œuvres peuvent être perçues comme antagonistes dans la mesure où elles répondent à des besoins systématiquement ignorés, réduits au silence ou effacés par les technologies officielles et les intérêts économiques et politiques qui les sous-tendent. Plutôt que de rejeter la technologie elle-même, ces œuvres la détournent, la reprogramment ou la resignifient d'un point de vue critique.
Winnie Soon et Cornelia Sollfrank, Net Art Generator (ver5_b) + Corrigez mon code, 2003/2017/2021.
Dans les années 1970, en réaction directe aux dictatures militaires qui se sont répandues en Amérique latine, de nombreux artistes se sont tournés vers le système postal comme outil stratégique pour créer des réseaux dissidents d'échanges artistiques et intellectuels. L'art postal s'est ainsi imposé comme un moyen de résistance, capable de contourner la censure, de favoriser le sentiment d'appartenance à une communauté et de générer des circuits de circulation alternatifs qui remettaient en question les structures institutionnelles et les mécanismes de contrôle étatique.
Aujourd’hui, dans un monde profondément médiatisé par les plateformes numériques et les systèmes de surveillance omniprésents, les artistes continuent d’identifier les failles des dispositifs technologiques contemporains. À travers ces brèches, ils créent des espaces d’expression, de critique et de résistance, remettant en question la prétendue neutralité des infrastructures numériques et révélant leurs implications politiques. Face à l’omniprésence de la surveillance, de l’exploration de données et de la surveillance algorithmique, ces pratiques imaginent des manières de se réapproprier les images, les informations et les archives, proposant de nouveaux récits capables de subvertir les régimes visuels et discursifs dominants.
Regina Vater, Nid de serpents, 1988.
Dans ce contexte, les cosmologies autochtones apparaissent comme des références fondamentales pour penser les technologies qui transcendent la rationalité occidentale moderne. En proposant des conceptions alternatives du temps, de la mémoire, de la communication et du rapport entre les humains, la nature et la technologie, ces systèmes de connaissances offrent des cadres conceptuels qui nous permettent d’imaginer des futurs technologiques plus pluralistes, ancrés dans les réalités et sensibles aux modes de vie historiquement marginalisés.
