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Des expositions

Paysages fabuleux : repenser le musée comme espace de dialogue et de dispute

Une remise en question des récits hégémoniques et une proposition de nouvelles manières d’habiter et de déshabiter l’institution muséale.

Paysages fabuleux : repenser le musée comme espace de dialogue et de dispute
bonart barcelone - 26/06/25

Le musée a cessé d'être un espace passif dédié uniquement à la conservation d'objets pour devenir un agent actif de la construction et de la révision des récits culturels. C'est cette idée qui inspire « Fabular paisatges » , une exposition organisée par Manuel Borja-Villel, Lluís Alexandre Casanovas Blanco et Beatriz Martínez Hijazo, qui se déroule entre le Palau Moja et le Palau Victòria Eugènia à Barcelone, dans le cadre du projet Museu Habitat. L'exposition propose une lecture critique du musée en tant qu'institution ayant véhiculé des discours de pouvoir, construit des récits hégémoniques et réduit au silence d'autres formes de savoir. Elle interroge notamment l'héritage du musée encyclopédique – ce modèle qui, depuis la modernité, a classé les cultures selon des critères esthétiques, scientifiques ou nationaux – et examine les fondements sur lesquels son autorité s'est construite.

Paysages fabuleux : repenser le musée comme espace de dialogue et de dispute

En Catalogne, ce type de musée a pris forme dans un contexte marqué par l'industrialisation et le désir d'une bourgeoisie émergente de se légitimer culturellement. Dans ce contexte, le paysage, au même titre que le portrait et la peinture d'histoire, est devenu une catégorie privilégiée. Mais le paysage n'est pas une forme d'expression neutre : c'est une construction culturelle qui sépare le sujet observateur du territoire représenté et qui agit souvent comme une métaphore d'un espace conquis, exploité ou domestiqué.

Paysages fabuleux : repenser le musée comme espace de dialogue et de dispute

L'exposition, visible jusqu'au 5 octobre, ne se veut pas une simple succession d'œuvres, mais souhaite plutôt repenser le rôle du musée dans une société en constante mutation, qui exige de revoir la manière dont l'histoire est racontée, qui la raconte et d'où elle provient. En ce sens, elle soulève la nécessité d'une perspective décoloniale qui dépasse la simple restitution physique des œuvres spoliées. Comment entendre aujourd'hui les voix effacées par les politiques de représentation ? Comment progresser vers des formes de réparation symbolique et politique ? Ces questions traversent le récit de l'exposition et ouvrent la voie à l'imagination de nouvelles formes de narration : rejeter la distribution coloniale du monde, revendiquer des identités et des mobilités transnationales, et questionner activement les structures de pouvoir qui peuplent le musée.

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La visite se déroule dans deux espaces distincts : au Palau Victòria Eugènia, les œuvres invitent à une réflexion sur les grandes expositions internationales et leur façon d'organiser le savoir, ainsi que sur les thèmes du paysage, du déplacement et de l'identité. Au Palau Moja, en revanche, le regard se porte sur les notions de monument, d'espace public et de mémoire.

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L'exposition est née d'un processus de débat et de construction partagée, initié en novembre 2024 lors de la conférence du Museu Habitat. Comme le souligne l'équipe de commissaires, « l'idée était de créer un instrument, un lieu où débattre des éléments liés à la construction des récits, à la construction de l'Histoire, à la manière dont nous nous gouvernons depuis un autre point de vue. »

Paysages fabuleux : repenser le musée comme espace de dialogue et de dispute

Parmi les artistes participants figurent des noms tels que l'Association des femmes Adrian du quartier de La Mina, Efrén Álvarez, Paula Artés, Ariella Aïsha Azoulay, Sammy Baloji, David Bestué, Ahmed et Touda Bouanani, Claudia Claremi, Domènec, Lucía Egaña, El Palomar, Lola Lasurt, Antoni Muntadas, Carlos Pazos, Jorge Ribalta, Eulàlia Rovira, Adrian. Schindler, Ceija Stojka et Oriol Vilanova, entre autres, démontrant un engagement clair en faveur de la pluralité des perspectives et des origines.

En bref, il s'agit d'entrer dans un espace qui invite à la réflexion, qui met en dialogue œuvres, contextes et récits, où le musée cesse d'être un lieu de vérités incontestables pour devenir un terrain de disputes où les frictions deviennent visibles et où le récit se démantèle pour être reconstruit collectivement. « L'exposition est comme une chorégraphie », explique Borja-Villel, « et les relations entre les œuvres génèrent des éléments qui ouvrent des chemins et des espaces inattendus. »

Paysages fabuleux : repenser le musée comme espace de dialogue et de dispute

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