La Fondation Arranz Bravo inaugure l'exposition Víctor Roig Jardí le 22 février. Déclaration, consultable jusqu'au 28 avril. L'exposition rassemble une sélection de peintures vibrantes de Victor Roig. Ses figures apparaissent comme des ombres dansantes dans l’anonymat des formes. D'un geste fébrile, fragile et tenace. Une pulsion qui contient une rage, si nôtre, si typique de la culture méditerranéenne, comprise comme un acte de résistance et de nécessité. Elle ne précipite pas, comme au nord, de la plénitude transcendantale.
Víctor Roig est interpellé par le mythe de la grotte et ces fausses ombres projetées sur les murs et qui enivrent les hommes. Il n'est pas attiré par la lumière de la vérité que conseille Platon, mais par la théâtralité du piège représenté dans les images accrochées au mur. Une plasticité éthérée mais indéterminée, fausse et ambiguë.
La peinture de Víctor Roig est une peinture volontairement née vieille. Il ne vit pas pour revendiquer une quelconque nouveauté. Il cherche à capturer ces états vitaux et permanents que la culture universelle a créés, dans un conte de Cervantes, dans une gravure de Goya, dans un vers de Mozart. Évitant l'illustration, touché par le poison de la peinture, Víctor Roig cherche à doter son œuvre d'un caractère propre et autonome, capable de contenir ses pulsions les plus intimes dans un dialogue étroit avec la haute peinture. Cette fièvre se perçoit dans la métaphysique des espaces -rappelez-vous Velázquez ou Bacon: deux grands peintres scénographiques, sans doute-, dans l'anonymat des personnages -Goya: le visage anonyme et universel-, ou dans l'approche chromatique: fond trouble, mais avec des illuminations soudaines et mystérieuses.
Víctor Roig est un résistant à la peinture, il travaille en marge de notre culture technocratique. Quelqu'un qui, avec dévouement, anime un métier qui cuisine à un rythme lointain et profond, où le rugissement de la vitesse et l'éclat du pixel n'atteignent pas. Au plus profond et au plus profond, les espaces s'élèvent, l'existence devient entosol, les âmes lévitent. Mais dans le geste, ils survivent.