Le Palau Solterra, situé à Torroella de Montgrí et siège de la Fondation Vila Casas dédiée à la photographie, accueille l'une des expositions les plus marquantes et nécessaires de la saison : « Sur l'avortement » , premier volet du projet de Laia Abril intitulé « Une histoire de la misogynie ». Cette enquête visuelle, textuelle et sonore, menée sur dix ans, analyse les conséquences dévastatrices, entre autres, du manque d'accès à un avortement sûr, légal et gratuit.
Laia Abril propose un discours percutant mêlant images saisissantes, interviews et documents historiques pour mettre en lumière l'impact des politiques restrictives en matière de santé sexuelle et reproductive sur la vie de millions de femmes à travers le monde. L'artiste met en scène des situations allant de la maternité forcée à la persécution juridique, en passant par la criminalisation des femmes et même la mort. Dans le cadre de « Sur l'avortement » , Abril reconstruit des histoires individuelles à travers des témoignages directs et des archives qui révèlent la douleur et le silence qui accompagnent souvent ces expériences. L'un des aspects les plus marquants est la représentation des méthodes d'avortement clandestines, rappelant les conséquences dévastatrices du déni du droit de disposer de son propre corps.
L'œuvre de Laia Abril transcende le champ de la photographie documentaire et du journalisme d'investigation. Son travail s'inscrit dans un contexte artistique et intellectuel qui invite à une réflexion éthique et morale sur les systèmes de contrôle historiquement exercés sur les femmes. L'artiste barcelonaise de renommée internationale nous offre une perspective qui non seulement dénonce les injustices, mais soulève également des questions dérangeantes qui interpellent directement le spectateur.
L'exposition s'inscrit dans le programme 2025 de la Fondation Vila Casas, qui vise à approfondir quatre grands axes thématiques : la critique sociale ; la santé sexuelle et reproductive et le rôle des femmes dans la société ; la conception existentialiste de la vie et le lien au territoire. Au-delà de sa force esthétique, le projet de Laia Abril nous rappelle que la lutte pour l'égalité et les droits des femmes est encore loin d'être gagnée. Son œuvre est un cri contre l'injustice et un exercice d'empathie qui revendique la nécessité de maintenir le débat sur des questions que la société préfère souvent ignorer ou reléguer à l'invisibilité.