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Des expositions

« Cultiver des plantes dans le noir » à Bôlit

« Cultiver des plantes dans le noir » à Bôlit
bonart gérone - 06/07/23

Le Bolit Le Centre d'Art Contempporani présente, jusqu'au 8 octobre, Growing plants in the dark, une exposition organisée par Ingrid Guardiola et qui part d'une fiction spéculative basée sur une question simple : comment la vie peut-elle être générée dans un environnement sans lumière, sans énergie ? .

Growing plants in the dark réunit des œuvres d'Azahara Cerezo, Xiana do Teixeiro, Emilio Fonseca, Joana Moll, Núria Nia, Playmodes, Manel Quintana et Stéphanie Roland. L'exposition part du contexte d'une modernité critique, celle qui prend en compte l'humanité et les vies non humaines à partir de leur interdépendance, et demande comment cartographier les infrastructures qui soutiennent une partie de notre technologie et comment comprendre son implication matérielle et causale dans l'histoire de la biodiversité.

La planète Terre est confrontée au conflit d'une pauvreté énergétique cyclique devenue chronique. C'est une pauvreté dans le domaine de la gestion, de l'exploitation et de la commercialisation des ressources (énergies fossiles, eau, gaz, minéraux, énergie solaire...), mais aussi personnelle : nous n'avons pas l'énergie - physique, mentale, émotionnelle - pour faire beaucoup plus que ce que nous faisons déjà. La demande énergétique excédentaire d'un système basé sur la production d'une croissance illimitée a ses jours comptés. L'épuisement individuel et planétaire est un fait.Dans ce contexte, l'exposition Cultiver des plantes dans le noir propose de réfléchir à notre rapport à la technologie et à l'énergie, mais en s'éloignant de la perspective accélérationniste, solutionniste ou catastrophiste.

La libéralisation du marché de l'énergie à la fin des années 90 et au début du nouveau siècle, l'accumulation de richesses dans les "zones sacrifiées" (guerres, zones nucléaires, parcs éoliens...) et l'extrême dépendance aux dispositifs technologiques des consommation permanente d'énergie, ont fait de l'énergie l'un des grands enjeux du XXIe siècle. Si au 20ème siècle on payait la consommation parce qu'on ne savait pas (on payait le ticket de caisse pour appuyer sur un bouton et tout fonctionnait), il est temps maintenant de savoir pour assumer une responsabilité individuelle, mais surtout collective et industrielle ; et aussi de proposer des solutions immédiates et à long terme à cette relation toxique.

Il s'agit d'observer, d'analyser et de recréer ces technologies car, comme le soulignait déjà Bruno Latour, "on n'a jamais été pleinement moderne si cette modernité impliquait l'écocide". Latour, décédé il y a quelques mois, est une figure pionnière de la décroissance et de la conscience environnementale, qui a encouragé le dialogue entre sciences et sciences humaines, avec des travaux basés sur la notion d'"écosystème" (clé pour comprendre le projet Bôlit actuel).

En ce qui concerne le choix des artistes, il y a une combinaison d'artistes locaux, régionaux et internationaux. Quatre des œuvres exposées sont des créations inédites (Playmodes, Walkie Talkie Films, Azahara Cerezo et Manel Quintana), mais elle accueille également trois productions déjà réalisées entre 2022 et 2023, l'une au Fresnoy (Stéphanie Roland), une autre du Photographer's Gallery à Londres (Joana Moll) et une autre de Cultural Rizoma à Celrà (Núria Nia).

Les œuvres sont divisées en deux espaces intitulés "Le dispositif du monde" (Bòlit- LaRambla) et "Orientar se amb Llum judiciosa" (Bòlit_PouRodó), deux vers du poème Primer sueño de Sor Juana Inés de la Cruz qui ont des influences de Athanasius Kircher, l'un des pères de la lanterne magique, mathématicien et astronome. Les deux espaces sont éclairés par un écosystème lumineux à faible consommation et dynamique (la lumière dans la pièce "respire") conçu par Manel Quintana (Barcelone, 1975. Vit et travaille à Olot) qui vise à fournir un espace d'exposition énergétique plus durable et part de la possibilité d'inverser la disposition normale de l'éclairage pour nous faire prendre conscience de la variabilité de la lumière, de son impact sur la perception et la création de l'espace que nous traversons.

Dans Bòlit_LaRambla, nous trouvons 4004 de Joana Moll (Barcelone, 1982), une installation vidéo qui réfléchit sur la possible corrélation entre l'ubiquité des microprocesseurs, l'augmentation de leur puissance de calcul et l'accélération de la perte de biodiversité. Selon une étude, depuis les années 1970, date à laquelle le premier microprocesseur commercial de l'histoire, l'Intel 4004, a été conçu, l'humanité a exterminé 50 % des espèces de la planète. Les terres rares sont des éléments stratégiques dans l'industrie électronique et le développement des technologies car elles sont présentes dans les circuits et composants des appareils et appareils électroniques, entre autres. Dans sa phase de traitement, la terre rare a besoin d'acides et de bases chimiques et c'est alors que la contamination apparaît.

Dans l'installation From Latency d'Azahara Cerezo (Celrà, 1988), une voix lit un supposé rapport d'impact environnemental basé sur d'autres rapports réels d'exploitation des ressources. Après le confinement, le collectif géronais Playmodes (La Pera) a voulu lier la technologie au monde physique, sortir des mondes strictement virtuels et a entamé une série d'enquêtes qui les rapprochent des pionniers des XVIe et XVIIe siècles.

Chez Bòlit_PouRodó, ils présentent Growing plants in the dark #1 où ils utilisent la lumière du soleil pour faire pousser des plantes dans un contexte sombre au moyen d'une méthodologie ancienne et durable à travers un héliostat, un ensemble de miroirs avec un système de suivi de la trajectoire du soleil. Dans une seconde action, ASTRES, réalisera une cartographie stellaire à l'Observatoire Batet à Olot. Ces gadgets ont été développés avec l'UPC. La vidéo Sea tu brillo en la noche du galicien Wakie Talkie Films, formé par Xiana do Teixeiro (Lugo, 1982) et Emilio Fonseca (Ourense, 1978), explore comment notre vision du monde vivant peut changer nos relations avec la planète à travers une proposition de contemplation nocturne.

Entre civilisation humaine et nature en résistance, la technologie permet et modifie nos relations avec l'environnement. La pièce nous invite à (nous) découvrir par rapport à l'autre en tant que sujet sensible (qui ressent), habitant de l'abri de la nuit dans un écosystème appauvri. Stéphanie Roland (Belgique, 1984) dans le documentaire expérimental Le cercle vide met en scène un objet spatial (ferraille) et sa chute dans l'obscurité d'un cimetière spatial et en combinant des images d'enregistrement en direct des événements et des images de fiction, nous conduit aux limites de le visible. Un essai aux références à la fois astronomiques et poétiques homériques, qui enquête sur le potentiel exploratoire de l'image et récupère ce qui est sûrement le seul endroit sur la planète et dans la stratosphère où il est impossible de capter des images ou des sons : le Point Nemo L'essai audiovisuel de Núria Nia (Palau Solità i Plegamans, 1986) retrace l'expérience humaine de recréation de l'image de la nature : de sa propre image mentale à l'image d'observation ou scientifique avec un point de départ clé : s'orienter dans l'obscurité absolue, ce qui donne le titre à la pièce. Dans cette obscurité fictive apparaît le spectre d'un effondrement environnemental et social imminent dont les visions scientifiques, les outils technologiques et les intelligences artificielles semblent avoir la réponse et, malgré cela, cette accumulation crée finalement une plus grande désorientation face à la perte de perspective future.

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